Le dindon du Québec qui danse dans la neige

Le dindon du Québec qui danse dans la neige

Cette année, Monsieur Hiver est venu nous visiter de très bonne heure et, tel un magicien, a paré de blanc éclatant nos paysages avec grand élan de générosité. Le ciel envoie la neige tomber sur nos jours en abondance. Les arbres sont revêtus de grands manteaux et de bonnets de fourrures de toutes formes, tous de blanc immaculé. La terre est recouverte d’un tapis molletonné…

Par un après-midi de neige, notre grande fille Marie s’adonne à une séance de danse comme elle aime le faire à chaque fois qu’elle reste à la maison. Oui Marie est une passionnée de danse. Chaque fois qu’elle le peut, elle descend au sous-sol pour danser sur Just Dance sur la console de jeux. Ses prestations restent encore à ce jour imbattables et pourtant, beaucoup de nos invités s’y essaient…

La danse pour notre fille, c’est plus qu’une passion, c’est sa vie. Quand elle danse, elle est dans un autre monde, là où elle peut bouger, sans limites, portée par les notes de musique, là où plus rien de la dimension matérielle n’existe, là où elle peut être et vivre en toute liberté, là où elle peut exprimer ses émotions et ses sentiments facilement, là où elle oublie tous ses soucis, là où la vie est douce et belle…Elle est en plein dans sa passion. Et cela lui donne de l’énergie, de la joie, de la motivation et surtout le plaisir de faire ce qu’elle aime. La danse, c’est son monde… le monde d’une autre vibration. Elle y évolue avec un tel plaisir qu’on ne peut que la regarder et ressentir cette belle énergie qui émane de cette fusion avec la musique. Marie pourrait danser des heures sans s’arrêter. La danse lui donne de la joie au cœur, cela se ressent, C’est vital pour son bonheur !

Marie d’humeur enjouée ce matin-là fait jouer fort la musique et c’est toute la maison qui en profite. Et encore plus que cela, la mélodie ne se cloisonne pas dans la maison. Les notes de musique se faufilent dans le moindre interstice qu’elles peuvent trouver, des petits trous, des fissures jusque des mini espaces. Notre maison devient un faisceau de musique ! Oui, les notes, une à une, sortent de la maison par les fenêtres, les portes, la cheminée, les espaces qui entourent les canalisations. Et la mélodie s’élève jusque dans le ciel, résonne dans la forêt, jusqu’à emplir de sons les terriers des animaux. La musique vole, emplit l’espace autant dans les airs que sous la terre. La musique est partout !

Cet hiver, un dindon est devenu un nouveau résident de notre forêt protégée. Il faut savoir que depuis quelques années, le dindon sauvage avait disparu suite à une déforestation massive et une chasse importante. Depuis les années 1980, le Québec a réintroduit cette espéce. Nous en voyons donc de plus en plus souvent. Et cette année, depuis l’Action de Grâces, un dindon a décidé de demeurer ici au Domaine Bonheura. Il niche dans le grand bouleau jaune, sur la dernière branche, à l’abri des prédateurs. Le dindon qui a une ouïe très fine entend de loin la musique. Ses oreilles qui ne sont en fait que des trous couverts de plumes fines sont charmées par ces sons mélodieux. Autant intrigué que curieux, il s’approche de la maison d’où vient ce bruit tant agréable. Il s’approche d’une fenêtre du sous-sol et regarde, étonné, Marie qui danse à en perdre haleine sur la musique. Et comme d’un coup de baguette magique, leurs regards se croisent. Marie ne s’arrête pas pour autant de danser, de tournoyer. Et voilà que le dindon se met à bouger. Comme si la musique lui était montée dans le cœur, voici son corps qui dodeline doucement et part ensuite dans une valse inconnue, intrigante, entrainante et magique. La musique l’emporte ! Ses pattes pourtant engourdies par le froid se mettent à sautiller un bond par ci par là, de ci de là… Le voici qui danse sur la neige, son corps un peu lourd le rend peut-être gauche dans ses mouvements mais il redresse la tête, fièrement, et va de l’avant dans son élan. A maintes reprises, il s’écroule dans la neige glissante mais repart de sitôt d’un coup de patte sec. Ses hochements de tête envoient des ondulations jusqu’à ses caroncules (ses excroissances de chair rouge sur et sous son bec), ses ailes battent et lui permettent quelques envolées impressionnantes. De dindon de la farce dont on le nomme souvent, le voici devenu dindon de la force… Oui, une force venue d’ailleurs semble l’habiter et lui donne un élan de légèreté. Sa danse est joyeuse, burlesque, facétieuse. Le spectacle est délicieux, harmonieux. Son cœur soucieux devient joyeux. Il en oublie sa peur d’alerter les prédateurs de sa présence, vulnérable qu’il est pourtant en restant près de la maison, à découvert. Il prend le risque, il ose être et rester là pour s’amuser, danser, briller, rayonner. Aucune peur du ridicule, notre dindon danse dans la neige. Les bois peut-être riront, les écureuils, de rire se tordront. Mais il n’en a que faire…. Pour l’instant, il se lance dans les airs, retombe comme un ballon pour ensuite danser tout en rond. Il tourne et tel un paon, il agite les plumes de sa queue pour faire admirer sa posture, ses plumes s’ébouriffent, sa robe prend de l’ampleur, sa barbe vole au vent ! Ses pattes enveloppées de neige semblent être des souliers pomponnés de blanc. Fier il est assurément, portant haut et droit sa tête d’un port altier. Fier ou juste Noble car il porte avec conscience la vivance avec une sensation délicieuse.

Portés par le même élan de danse, l’oiseau danse dehors et notre jeune fille danse dedans. Les deux se retrouvent réunis sur la même onde joyeuse, comme reliés par le souffle de vie. Marie Virevolte comme un papillon, le dindon tourne en rond. La musique les porte, les transporte tous les deux dans un autre univers, celui de l’irréel, pensez-vous … Et si c’était l’irréel qui était réel ? Enivrés tous les deux par les transports de la musique, le rythme qui leur est propre, ils baignent dans la joie, se sentent libres, légers comme le vent qui danse dans les arbres, se sentent reine et roi, chacun dans leur univers.
Dans la forêt baignée par la vague de musique, on assiste alors à un spectacle enchanté. Les racines des arbres se meuvent et s’assouplissent sous leur manteau de froid qui ondule de part et d’autre tel un serpent. Les quelques feuilles dorées des hêtres qui s’étaient accrochées à la vie, se laissent détacher et porter dans l’air par cette musique qui leur apporte le moment de grâce ultime tant attendu. Les sapins croulants de neige suivent la cadence en mouvant le bout de leurs aiguilles Les castors prennent leurs pattes pour des ressorts, les écureuils glissent sur les feuilles, les cerfs de virginie cabriolent au son de l’harmonie. La musique sonne, résonne, la joie rayonne, la neige floconne. Les corbeaux croassent sur la glace, les geais bleus claironnent ces instants de grâce !

Marie, après quelques danses, regarde en direction de la fenêtre en se demandant si finalement elle n’a pas rêvé… Vite, elle court dehors pour tenter de voir son nouveau compagnon de danse. Mais le dindon a disparu, en laissant tout de même les traces de sa danse sur la neige blanche…. Elle sourit alors et se dit que ce soir, elle aura une bien belle histoire à raconter à ses parents.

Oui, le dindon est reparti comme il était venu mais avec une petite différence, son cœur est joyeux et non plus soucieux. Ses jours n’auront plus la grisaille de l’hiver triste et morne. Chaque jour, il compte bien revenir tout prés de cette maison qui sent si bon la joie, le plaisir. Il sait dorénavant où et comment réchauffer son cœur ….

Ce soir, dans la maison, Marie racontera avec enthousiasme cette histoire à sa famille et si besoin de preuve, elle leur indiquera les traces de pas de danse tout autour de la maison qui forment des arabesques. Ce soir dans la forêt, il fera noir mais chacun des habitants regardera la nuit étoilée avec des yeux scintillants en ressentant ce quelque chose de plus, ce quelque chose de magique. La danse a permis une communication sur un autre plan, celui de l’universel, celui du coeur.. Ce soir, dans la forêt, la vie goûte bon !

Les ailes de la joie entourent désormais ce coin de terre extraordinaire là où les hommes et les animaux dansent l’hiver sur des airs de Bonheur….

Vous voulez en savoir plus sur le dindon sauvage du Québec…..

L e dindon sauvage est un oiseau magnifique et particulier, que l’on découvre avec plaisir et émerveillement. Sa taille imposante, l’irisation de son plumage, la coloration de sa tête, sa barbe et ses caroncules bulbeuses, font de lui un attrait visuel hors de l’ordinaire. Nous l’avons remarqué sur le Domaine depuis quelques années déjà. Cet automne, nous avons eu la chance de voir un petit troupeau d’une dizaine, et croyez-nous, c’est tout un spectacle.

Le mâle adulte est massif et robuste, et son poids varie généralement entre 6 et 10 kilogrammes. Son plumage est magnifique. D’apparence noire, en le regardant bien, il comporte une irisation tirant sur le bronze foncé avec des teintes magnifiques de rouge, de vert, de cuivre, de bronze et d’or spectaculaire, surtout lorsqu’il se gonfle et déploie les plumes de sa queue en éventail, lorsqu’il recherche à s’accoupler Les plumes de sa poitrine ont l’extrémité noire et celles de sa queue ont, quant à elles, l’extrémité brune. Les plumes de ses ailes sont rayées de bandes noires et blanches.

La coloration de sa tête est bleue et rouge, et elle est pourvue d’une couronne blanche. Il possède également une pendeloque, c’est-à-dire une saillie qui ressemble à un doigt tout mou, et qui pend le long de son front et de son bec. Mais lorsque le dindon est en état d’alerte, la pendeloque rapetisse et se raidit au niveau de l’arrière du bec, prenant l’apparence d’une bosse charnue, très bizarre ! Sa tête et son cou sont relativement dépourvus de plumes, et des protubérances de peau de couleur rouge pendouillent et ballottent mollement sous son bec.

La femelle est beaucoup plus petite que le mâle, pesant entre 4 à 5 kilogrammes. Son plumage est plus clair, plus sobre et moins coloré. extrémité des plumes de la poitrine et des flancs est brune. Elle pèse environ 4-5 kilogrammes.  Elle n’a pas de barbe mais à l’âge adulte, la barbe peut pousser.

Le dindon sauvage fait partie de famille des gallinacés qui comprennent entre autres, en Amérique du Nord, le tétras et la gélinotte. Ce groupe d’oiseaux se distingue par des pattes et des pieds très bien adaptés pour gratter le sol, des ailes courtes et rondes facilitant les vols courts et rapides, une queue bien développée qu’ils utilisent comme gouvernail, un bec court, solide et utile pour picorer.

Il se déplace principalement en marchant. Grâce à la morphologie solide de ses pattes, il est un coureur exceptionnel et puissant pouvant atteindre une vitesse de pointe de 19 km/h. Mais il peut aussi voler pour échapper au danger, se percher dans les arbres ou simplement changer rapidement de lieu. Son physique est propice à un vol court et rapide. Vous savez aussi qu’il peut être excellent danseur !!

Le dindon sauvage est omnivore. Il mange une variété de matières végétales et animales. Il est opportuniste, d’une grande capacité d’adaptation, c’est-à-dire qu’il consomme les éléments composant leur alimentation selon leur disponibilité. En général, il vit dans les forêts matures avec des petites clairières et une source d’eau. La proximité d’une source d’eau est surtout essentielle l’hiver puisque durant l’été le dindon peut se satisfaire de l’eau contenue dans les plantes et les insectes. Il mange des achaines, des faines, des baies, des grains (maïs, soja, avoine), des feuilles de graminées et d’herbacées, de fourrage vert (luzerne, trèfle et mil), des bourgeons, des ramilles de hêtres et d’érables à sucre et de la matière animale. Lorsque la neige est épaisse, le dindon sauvage se nourrit près des sources d’eau et des eaux de surface, où l’on retrouve des fougères et du fourrage vert. De plus, lorsque la neige est épaisse, il suit les sentiers des cerfs de Virginie pour se nourrit là où ceux-ci ont piétiné la neige et exposé la nourriture. Lorsque tout cela ne suffit pas, les dindons se nourrissent d’aliments moins énergétiques et/ou moins comestibles, tels que des aiguilles de pins blancs et de pruches, du lichen. Leur adaptation est prodigieuse.

Il posséde un sens de l’ouïe aiguisé, sa vue perçante et son tempérament nerveux font du dindon sauvage un oiseau très habile à déjouer les prédateurs et les chasseurs. Plus que n’importe quel autre trait, il a une acuité visuelle phénoménale et est trés habile à repérer instantanément le moindre mouvement, Avec ses yeux situés de chaque côté de sa tête, il jouit d’une vision panoramique lui permettant ainsi de voir à l’intérieur d’un arc de 300 degrés, sans tourner la tête. Oiseau diurne, il est plus actif durant le jour. De plus, sa vision nocturne plus faible l’incite peu à quitter son perchoir pendant la nuit, puisqu’il est davantage vulnérable à la prédation.

Lors des tempêtes hivernales, le dindon se perche dans les conifères pour se protéger du vent et de la neige. Il conserve ainsi sa température interne régulière. Des peuplements forestiers matures de feuillus parsemés de résineux tels que les pins, les pruches, les épinettes, les sapins et les cèdres sont de bons abris pour les dindons

Symbolisme du Dindon

Selon Aigle Bleu, dans la culture amérindienne, « Le dindon représente la médecine la plus spirituelle et la plus importante qui soit pour les peuples autochtones de l’Amérique du Nord : celle du don. Le dindon sauvage, c’est la médecine des saints et des mystiques aux innombrables vertus qui ont transcendé l’attachement à l’ego et agissent dans l’intérêt des autres. Ils savent que toute vie est sacrée et que le Grand Esprit réside en toutes choses.

Nourrir le peuple, donner aux autres, c’est le message de toutes les spiritualités véritables. Apprendre à donner et à partager sans attachement aux biens matériels ou à l’ego est une des plus grandes médecines qui soit, et c’est pourquoi nous disons parfois que le dindon sauvage est l’aigle du sud. ».  Ses plumes sont de grands symboles spirituels. Elles sont considérées par la plupart des tribus orientales comme des médicaments puissants.

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