Quelle langue parle-t-on au Québec ?
Le Français, non, je dirais plutôt le « Franbec », mélange de français et de québecois. L’histoire parle, elle, de joual provenant de cheval prononcé [jwal] comme en français du XVIIe siècle. Oui, ici le français est bien différent du français de France. Ici, accent et jargon propre à chaque région nuance, colorie et panache la langue de Molière tant et si bien que cela est devenu un symbole d’identité.
Au Québec, le « franbec » règne en maitre. Il est reconnu au sein de la francophonie pour son accent, ses néologismes, ses régionalismes, ses blasphèmes employés sous forme de noms, d’adjectifs et de verbes conjugués à toutes les sauces. Originalité et créativité du peuple oblige !
Aujourd’hui, le joual est devenu une identité culturelle et reflète l’appartenance au « pays d’ici ».
Depuis la loi 101 en 1977, le français a acquis le statut de la langue officielle du Québec et le joual ou « franbec » ne peut être considéré comme une alternative à l’utilisation de la langue française. Néanmoins il reste très présent en tant qu’expression populaire.
Celles et ceux qui vont donc venir en vacances dans notre beau pays seront ainsi plus à même de comprendre nos expressions ! Votre immersion sera donc facilitée ! Tel est notre but : vous faire découvrir notre Québec et vous le faire aimer, dans toutes ses déclinaisons.
Le Tutoiement ou le Vous
Il est sans nul doute que le tutoiement interpelle toujours le Français de France lorsqu’il vient nous visiter. Ici, en effet, on emploie très facilement le pronom de la 2e personne du singulier tu de façon fréquente. Son usage est décrit comme le calque de l’usage anglophone de you. Les gens l’utilisent dans le cas d’une invitation à un rapprochement ou dans le souhait d’établir une communication amicale. De nos jours, un mouvement essaie de réintroduire le vous respectueux dans le milieu de l’éducation et dans le milieu des affaires. La tendance est donc d’instaurer une distance, un certain respect. Quel dommage ! Les Québécois savaient si bien être respecteux et humains avec le « vous mou » ou le « tu »
Les anglicismes
Ils sont de différentes natures. Nous avons :
les anglicismes intégraux qui reprennent à la lettre le sens d’un mot anglais tel…
Un chum = un petit ami
Les anglicismes hybrides qui ajoutent un élément français tant dans leur prononciation que dans leur formation, par exemple : checker = vérifier, regarder
La tendance actuelle est à la traduction littérale d’un mot ou d’une expression anglaise pour créer son équivalent en français. Nous enrichissons alors notre langue de Molière.
Nous magasinons au lieu de nous faisons du shopping, nous avons des fins de semaine et non des week ends. Enfin, sur nos panneaux routiers, le mot arrêt est inscrit et non stop .
Blasphémes
Nous ne pouvons parler de la langue du Québec sans parler des blasphèmes. Les jurons les plus prééminents sont des termes empruntés à l’église catholique, et sont communément appelés sacrés. On a recensé plus de 900 sacres au Québec dont 90 originels. Cette particularité de blasphèmes est historique et provient d’une frustration et d’une grande rébellion sociale et transparente vis-à-vis de l’église catholique. Il y a des décennies de là, l’église catholique avait un grand pouvoir et une grande autorité dans le pays.
Je vous exhorterai à beaucoup de prudence dans l’emploi des termes blasphématoires. Il faut savoir qu’un même terme de nos jours peut être autant utilisé dans un contexte de mécontentement, de colère que dans une situation de joie, de surprise.
Exemple : Hostie, que c’est beau ou Il a un hostie de caractère !
A ce propos, je vous laisse écouter un de nos humoristes québecois Étienne Langevin dans son sketch sur le Québec qui explique bien mieux que moi dans l’humour, la particularité et l’originalité de nos blasphèmes. Moment de détente garanti !
Toujours dans un souci d’aider à comprendre les expressions du Québec et de faciliter votre immersion ici, au cours de vos vacances, voici un cours 101 – partie 2 plus axée sur les particularités détaillées du parler d’ici, du « joual » ou du « franbec »… pour le plaisir de tous
La Nouvelle France remonte à plus de 400 ans. De nombreux termes sont empruntés à la vie d’alors et ce, dans différents milieux :
Celui de la navigation tels embarquer, débarquer, tomber !
Celui de la vie en forêt tels se tirer une bûche = inviter quelqu’un à s’asseoir
Celui de la vie rurale tels barrer une porte = fermer une porte en référence à la barre des portes de grange
Des expressions sont aussi basées sur les relations avec les autochtones d’où l’origine du mot Québec ou Montréal
D’autres expressions intègrent des images poétiques :
Il tombe des pattes de lapin = il neige
Il tombe des pattes de liévre = il neige de grands flocons plats
La morphologie d’une phrase subit quelques modifications que je vous laisse découvrir ci-contre….
Le suffixe eux apporte souvent un caractère plutôt péjoratif
Un têteux, un niaiseux, un obstineux, un poteux…..
Des termes pure invention québecoise tels le banc de neige, le dépanneur, le magasinage, le débosseleur…..
Certains mots peuvent aussi avoir des sens différents. On pourrait les qualifier de faux amis
Le ne négatif est souvent absent du français Québecois.
Y faut pas faire ça au lieu de il ne faut pas faire cela
La féminisation de noms de fonctions tels professeure, auteure, docteure. La Belgique, la Suisse, la France tentent de suivre l’exemple du Québec en ce domaine.
Quelques différences de structure verbale différent…
Telles… je m’asseois au lieu de je m’assieds
Assoyez vous donc au lieu de asseyez vous donc
Le verbe haïr conjugué devient ici ; j’haïs au lieu de je hais
Dans le parler plus familier, vous pouvez aussi trouver …
Des contractions particulières pour la négation tels
Fais-toi z’en pas au lieu de ne t’en fais pas
Le verbe être à la 1e personne du singulier se rend par contraction
Chui au lieu de je suis
Des liaisons originales ……
C’h’t’ un gars patient au lieu Je suis un gars patient
Ou encore
T’é t’un gars patient au lieu Tu es un gars patient
Aller à la 1e personne du singulier devient
Vas au lieu de vais
Le futur simple assez souvent absent du parler familier
Il est alors remplacé par aller + infinitif
Demain, je vais aller magasiner au lieu de Demain, j’irai faire les boutiques
M’a aller maller ma malle au lieu de je vais aller porter mon courrier
Le français québecois permet de remplacer une subordination conditionnelle en si par une construction à l’infinitif
Avoir de l’argent, je t’en donnerais au lieu de si j’avais de l’argent, je t’en donnerais
La particule « tu » est souvent utilisée dans le langage familier quand on pose une question directe
Le tu tient alors rôle d’adverbe d’interrogation ou d’exclamation. C’est en fait un dérivé du ti particule interrogative du langage populaire en France
C’est tu loin au lieu de Est-ce loin
Tu vas-tu bien au lieu de Vas-tu bien
C’est tu pas possible ! au lieu de Ce n’est pas possible !
Apparition :
du « pis »
Le « pis » dérivé de puis remplace généralement le et
J’m’en vas demain avec Laurent pis Xavier
Du « là »
L’utilisation du là ponctue souvent la fin de la phrase ou bien s’ajoute après un mot
C’est quoi c’t affaire là ?
La préposition « à » est utilisée dans divers cas
dans un contexte possessif tels la voiture à Jacques
ou bien aussi pour éviter la préposition « ce ». On dira alors à soir au lieu de ce soir
On peut aussi entendre asteure au lieu de à cette heure
Les pronoms
« a « est utilisé à la place de elle
« y « est utilisé à la place de il ou ils ou elles
A m`énarve au lieu de Elle m’énerve
Y sont fous au lieu de Ils sont fous
É est une contraction de elle est É belle
On dit souvent aussi
Chez eux au lieu de chez lui ou chez elle
Chez nous au lieu de chez moi
Chez vous au lieu de chez toi
Nous est souvent remplacé par on on va souper au lieu de nous allons souper
On omet aussi souvent le sujet avec le verbe être
Sont belles au lieu de Elles sont belles
On peut aussi supprimer le sujet avec certains verbes impersonnels tels
Y faut pas au lieu de Il ne faut pas
Y manque pas personne au lieu de il ne manque personne
Enfin, dans le français québecois, une façon inusitée de poser des questions à la négative et une réponse avec le si qui réfute totalement la question …..
T’as pas faim Si, j’ai faim au lieu de As-tu faim Mais oui, j’ai faim
Enfin, pour clore ce cours 101 du parler québecois, et pour vous mettre dans le bain de notre joli accent, vous pouvez regarder :
« Québecois pour les nuls » de Solange te parle, « Qui l’eut cru » d’André Sauvé sur sa page « Les mots « ou en capsules you tube. Enfin, rien que pour le plaisir, visionnez sans modération les « Têtes à claques » sur you tube. Vous serez déjà un peu chez nous !